Famille
Gleizer
Abraham et Hanna GLEIZER sont des juifs russes, originaires de Moscou. De la communauté juive ashkénaze, ils émigrent en France en 1914.
Leur premier enfant, Marguerite, née en 1915. Puis leur fils, Maurice, nait à Paris le 7 juin 1917.
Lorsque la France entre en guerre contre l’Allemagne hitlérienne, Maurice a alors 22 ans. Il est mobilisé comme soldat.
Arrêté par l’ennemie au tout début de la guerre, il se retrouve en prison en Allemagne, de laquelle il réussit à s’échapper. Il rejoint avec l’aide la Croix rouge la Suisse puis la France.
Démobilisé, il reste quelques temps au Grau du Roi dans un centre destiné aux anciens prisonniers puis il part s’installer à Lyon. Il travaille alors comme maroquinier dans une entreprise lyonnaise où il rencontre celle qui deviendra sa femme, Emilie GROS. Emilie est française et un peu plus âgée que lui, elle est née le 21 mai 1908.
La femme de Maurice GLEIZER connaissait Aiguebelette pour y avoir séjourné en vacances ; c’est ainsi qu’à partir de 1941 avec l’occupation allemande et le durcissement des lois antijuives du gouvernement de Vichy, Maurice GLEIZER choisit de se mettre à l’abri dans le village d’Aiguebelette-le-lac. Il est alors logé au village chez Marie MICHELON.
A l’époque, le Maire d’Aiguebelette-le-lac est Emile PERRIER (de la famille des Perrier-Gustin).
Maurice continue de temps à autre à revenir à Lyon, et c’est ainsi que lors d’un de ses séjours dans la capitale des gaules, au cours de l’année 1944, il est arrêté. Il est alors interné à Montluc, puis envoyé par le train en direction de Paris, puis Drancy, le 9 avril 1944.
Mais un incroyable concours de circonstances va lui permettre de fausser compagnie à ses gardes. Au passage du convoi ferroviaire en gare de Villeneuve-Saint-Georges, celle-ci se retrouve sous le déluge de feux d’un bombardement des alliés, qui ont pour objectif la destruction du centre de triage. L’endroit est stratégique, puisque transitent ici tanks, bombes et munitions venus directement d’Allemagne.
Maurice profite de l’arrêt soudain du train et de la panique générale du côté des forces allemandes pour s’échapper. Il parvient à se réfugier chez des amis à Paris. Il repart ensuite pour Lyon, et ne tarde pas à revenir se cacher à Aiguebelette-le-lac.
Durant cette année 1944, ce petit village de Savoie n’est plus un havre de paix et de sûreté. Maurice part alors se réfugier à La Combe à l’hôtel Michelon, un secteur au pied de la montagne, sans route, qui est difficile d’accès et qui est un lieu tenu par des résistants.
Maurice restera ainsi à Aiguebelette jusqu’à la libération.
Maurice et Emilie créent à Lyon dans le quartier de Monplaisir une fabrique de sacs à main, MICARL. Maurice, maroquinier de formation est à la création des modèles, Emilie à la gestion de l’entreprise. Cette belle entreprise familiale emploiera plus de cent personnes.
En 1952, Maurice et Emilie se marient. Le couple adoptera deux enfants, Marie-Hélène née en 1953 et Olivier né en 1956.
La devise d’Emilie était : « On ne s’appuie bien que sur ce qui résiste » ; celle de Maurice : «Toute chose mérite d’être bien faite ».
Marie-Hélène, qui est installée à Aiguebelette, accueillera bien plus tard Simha AROM, rescapé de la rafle du 26 Août 1942, à l’occasion de son premier retour à Aiguebelette pendant l’été 2011. De forts liens d’affection se sont noués entre eux depuis.